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— L’autorité doit veiller sérieusement sur les sourdes et continuelles intrigues que la majorité des curés oppose à toute amélioration dans l’instruction, dont le monopole est l’objet constant de leur ambition

Mayenne ; arr. de Mayenne. — Au lieu de seconder les vues du Gouvernement, pour l’amélioration et la propagation de l’instruction primaire les curés font tous leurs efforts, et profitent de toute leur influence pour empêcher les conseils municipaux de voter les fonds nécessaires à l’établissement d’une école communale. Ils répandent, ou font répandre le bruit : que le Gouvernement a l’intention de changer les livres religieux, pour y substituer des ouvrages subversifs de toute morale et de toute religion ; et qu’il veut ajouter encore à la misère des habitants, en exigeant d’eux le vote des 3 centimes additionnels, quand ils sont déjà accablés d’impôts. Je dirai même que sans les curés on ne ferait rien. Ils dominent exclusivement dans toutes les campagnes. Les enfants iront ou n’iront pas à l’école, selon que les ecclésiastiques conseilleront les parents. Or, ils sont portés à les y envoyer, parce que l’instituteur épargne la peine de leur apprendre le catéchisme.

Maine-et-Loire ; arr. d’Angers. — Les causes qui contribuent au peu de succès de l’enseignement, sont :

1o La faiblesse des maîtres, et plus encore, l’état de découragement et de misère dans lequel ils ont été jusqu’ici. La plupart trouvant à peine, ou même ne trouvant pas, dans leur profession, les moyens de pourvoir à leurs besoins les plus pressants, conservent, dans leur pauvreté, trop peu de liberté d’esprit pour étudier les nouvelles méthodes.

2o Mauvaise disposition du local. Dans un très-grand nombre de communes, l’appartement où se fait la classe est mal disposé ou peu convenable. Quelquefois il sert en même temps de logement et de cuisine au maître et à sa famille.

3o Mais, l’obstacle le plus puissant aux progrès de l’instruction, dans nos campagnes, c’est le peu d’harmonie qui règne entre l’autorité municipale et le clergé. Très-souvent, il suffit que l’instituteur soit bien avec le maire pour qu’il soit mal vu du curé. S’il était bien avec le curé, il serait mal avec le maire.

Mayenne ; arr. de Château-Gonthier. — J’ai remarqué que, dans plusieurs communes, les instituteurs avaient grande peine à se concilier, à la fois, la bienveillance du maire et du curé. Sans le concours de MM. les curés, sans leur bienveillante protection, un instituteur ne peut rien faire dans une commune, puisque, s’ils ne forçaient, pour ainsi dire, les enfants à venir apprendre le catéchisme dans les écoles, elles seraient désertes, même pendant l’hiver.