Page:Lorain - Tableau de l’instruction primaire en France.djvu/416

Cette page a été validée par deux contributeurs.

Calvados ; arr. de Falaise, cant. de Falaise et de Coulibœuf. — Beaucoup d’instituteurs disent qu’ils enseignent l’histoire sainte parce qu’ils font lire dans l’Abrégé de Royaumont, mais pas un n’a pu présenter un élève qui répondît aux plus simples questions, sur les pages qu’ils étaient tous censés savoir. Plusieurs font les esprits forts, et se vantent de ne pas enseigner ces bêtises-là.

Manche ; arr. de Mortain, comm. de.... — Il m’a semblé que M. N.... avait la capacité intellectuelle à peu près suffisante ; mais il manque un peu d’aplomb, de sagacité dans sa surveillance, et peut-être, aussi, de zèle et de courage pour vaincre les difficultés qu’il a rencontrées, ou qu’il s’est créées lui-même dans l’exercice de ses fonctions. Car il est bien avéré que, pendant les quatre ou cinq premiers mois qui s’écoulèrent depuis son installation, il a été plusieurs fois remarqué parcourant les rues et les places de la bourgade de…, avec ses élèves, qui chantaient la Marseillaise et le Réveil du Peuple, et vociféraient des provocations de parti, des insultes blessantes pour quelques-uns des habitants et les cris : à bas les calotins ! à bas les jésuites ! devant le presbytère. M. le maire m’a attesté que ces désordres avaient cessé depuis six à sept mois ; mais il est néanmoins présumable qu’ils ont détourné grand nombre de parents d’envoyer leurs enfants à l’école mutuelle, et déterminé beaucoup d’autres à les en retirer.

Arriège ; arr. de Foix, cant. d’Ax et de Cabannes. — Pour prospérer, l’enseignement a besoin de l’appui franc et consciencieux du sacerdoce : dès que les curés le voudront réellement, toutes les communes auront des instituteurs.

Aude ; arr. de Carcassonne. — Un grand nombre de parents désireraient que les instituteurs conduisissent leurs élèves à l’église, le jour du dimanche. Il conviendrait, ce me semble, de prendre une mesure générale à cet égard, vu que la plupart des enfants n’entendent pas la messe, et que les parents se plaignent de la négligence des maîtres d’école à ce sujet.

Vaucluse ; arr. d’Orange. — Peut-être, dans les communes essentiellement religieuses, le curé pourrait-il obtenir que les enfants fréquentassent, d’une manière continue, l’école, en ne les admettant à la première communion qu’à cette condition, d’autant qu’ils apprécieraient mieux la grande action à laquelle il a à les préparer ; on pourrait encore exciter le zèle des parents à envoyer assidûment leurs enfants à l’école, en appropriant davantage l’enseignement aux localités, en faisant un cours d’agriculture dans les communes rurales, et en donnant plus d’extension aux études commerciales et industrielles dans celles où l’on se livre au commerce et où l’on trouve des manufactures.