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plètement inutiles, puisque ceux à qui ils sont destinés sont hors d’état de les comprendre.

Sarthe ; arr. du Mans, cant. de la Suze. — Je pense qu’un des moyens de vaincre l’indifférence, serait de remettre aux maîtres un plus grand nombre de ces livres, que le Gouvernement a fait imprimer en faveur surtout de la classe pauvre.

Vosges ; arr. de Neufchâteau. — Il faut, je crois, qu’on fournisse des livres gratuitement au tiers des enfants de chaque commune : alors, sans doute, les parents des autres, honteux de voir les enfants des pauvres mieux pourvus que les leurs, se décideront à en acheter.

Marne ; arr. de Sainte-Ménéhould, cantons de Dammartin-sur-Yère et de Sainte-Ménéhould. L’uniformité des livres est indispensable pour les progrès des enfants qui ont l’avantage d’être instruits simultanément. Qui croirait cependant que l’instituteur est encore, dans plusieurs communes, forcé de contester avec les parents à ce sujet ? Ceux-ci se refusent à la dépense d’un petit livre, parce qu’ils ont remis à leurs enfants un bouquin ou un almanach de deux sous qui perpétue de père en fils les erreurs et les superstitions populaires. Mais, si l’Université désire hâter l’adoption des livres uniformes, elle ne saurait faire un choix trop scrupuleux entre ces ouvrages qui se publient en grand nombre sous le titre de livres élémentaires. Ces livres doivent être rédigés sur un plan que ne connaissait pas l’auteur de l’Alphabet ou Premier Livre de lecture, et que le conseil académique a cependant approuvé. Il faut être bien étranger à l’enseignement du premier âge, connaître bien peu les enfants, la lenteur du développement intellectuel dans cette période, pour s’imaginer que l’innocent qui sait épeler et assembler des syllabes sans savoir encore assez ce qu’il fait, lira avec fruit une page sur les éclipses, une autre sur le thermomètre, une troisième sur les télégraphes… Je ne parlerai pas de l’intention de l’auteur qui a déplu au clergé en refusant une petite place dans son livre à la Salutation angélique, prière que nous n’apprenons pas aux enfants avec moins d’exactitude que le Pater. Il ne fallait point de prières dans l’Alphabet, ou bien y réunir toutes celles que la majorité des Français ne sépare jamais. Cet Alphabet, dont le Gouvernement a donné un assez grand nombre d’exemplaires à toutes les communes, pour être distribués aux indigents et dans la vue de déterminer les parents aisés à l’acheter pour leurs enfants, ne peut servir qu’à ceux qui apprennent leurs lettres ; encore faudrait-il en retrancher beaucoup de mots, tels que, pôle, carbone, gypse, rosace, fiacre, moka, koran, pythagore, myriade, chyle, ignition, olfactif, scapin, synthèse, etc., etc. Il était inutile et déplacé de faire passer sous les yeux d’un enfant qui apprend ses lettres, les syllabes et les mots les moins usités de la langue.

Hautes-Pyrénées ; arr. et cant. de Tarbes (sud). — Je pense que