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— Il serait à propos que tous les livres qu’on met entre les mains des enfants fussent propres à développer leur intelligence. Cependant, presque partout ils lisent du latin autant que du français ; sans doute on fait bien de leur apprendre à lire la langue dans laquelle sont écrits les offices de l’Église, mais ce ne devrait être, je crois, que quand ils savent bien lire les ouvrages composés dans leur langue maternelle. J’ajouterai qu’il y a dans la Bible certains passages qui la devraient faire proscrire des écoles, et remplacer par des histoires tirées de l’Écriture sainte, qui ne présenteront pas les mêmes inconvénients.

Aisne ; arr. de Vervins, cant. de Vervins. — Je dirai des livres d’école ce que je viens de dire des méthodes. Livres réimprimés depuis 100 ans, voilà les productions que l’on met entre les mains des enfants. Certes, Instruction de la jeunesse, Devoirs du chrétien, Civilité puérile et honnête, Vie de Jésus-Christ, Vie de saint Quentin, etc., etc., Voilà de beaux titres, de fort beaux titres même ; mais que d’ouvrages n’ont vécu que sur leur titre ! Si l’on ouvre les livres que je viens d’indiquer, on y verra des instructions fort peu instructives ; des devoirs assez singulièrement formulés ; des civilités peu honnêtes de nos jours ; et la Vie de Jésus-Christ, et celle de saint Quentin surtout, dans quel style, bon Dieu, sont-elles écrites ! Je ne crains pas de le dire, et je le prouverais sans peine aucune, il y a dans tous ces ouvrages des hérésies dogmatiques, des instructions immorales, des absurdités et des niaiseries pitoyables. Ce qu’il y a de plus heureux dans tout cela, c’est que les enfants n’y comprennent rien. Pour des livres qui éclaireraient leur esprit, qui formeraient leur cœur en piquant en même temps leur curiosité, en les attachant par un intérêt soutenu, je n’ai rencontré que deux fois Simon de Nantua, et une fois Maître Pierre. Il y a une révolution à faire dans ces instruments de l’instruction primaire.

Moselle ; arr. de Metz. — Trop de livres de piété, et des livres même hors de la portée des enfants, et leur donnant des idées fausses, superstitieuses et souvent dangereuses. Trop peu de livres de morale et d’instruction.

Seine-Inférieure ; arr. de Rouen, cant. de Boos. — L’Instruction de la jeunesse offre une lecture aride, et peut-être au-dessus de la portée des commençants ; il en est de même de la Civilité ; cet ouvrage ancien et d’un usage général dans les écoles de ce canton, fatigue et ennuie les écoliers. Les préceptes qu’il trace, d’ailleurs, s’ils étaient suivis strictement de point en point, seraient au moins ridicules et absurdes.