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retiré, persuadé que la méthode mutuelle était appliquée à.., comme elle l’est dans les écoles modèles de Paris, si non, aussi bien et sur une aussi grande échelle, au moins dans le même genre. En effet, je vis, dans la grande et belle salle consacrée à cette école, des bancs et des tables portant, sur la droite, des signaux et les nombres I à VIII. Je fis alors le tour des tables, et je fus fort étonné de voir, dans la huitième classe, la plus élevée de toutes, dans le mode mutuel, des cahiers fort mal écrits, presque tous en gros. J’exprime mon étonnement qu’on eût placé dans la huitième classe des élèves qui devraient être tout au plus dans la troisième : « Ah ! Monsieur, me dit l’instituteur, j’avoue que je ne suis pas exactement la division de la société d’enseignement élémentaire ; j’ai même cru devoir prescrire, pour l’écriture, une méthode qui me paraît produire les résultats les plus satisfaisants. » Quoique je ne jugeasse pas les résultats aussi favorablement que l’instituteur lui-même, je me contentai de lui répondre qu’il avait toujours tort, à mon sens, de détruire l’unité et l’ensemble de la méthode mutuelle ; que l’écriture avait été divisée, comme la lecture, en plusieurs parties, et que les divers degrés de force devant se correspondre dans les deux enseignements, la suppression de l’un devait faire tort à l’autre. Je demandai alors à voir l’arithmétique : des cahiers me furent présentés, je sus que peu d’élèves savaient faire leurs chiffres, et que les plus avancés, ceux de la VIIIMe classe, faisaient à peine la soustraction. Nouvelles observations de ma part. Nouvel aveu du maître, qu’il avait cru devoir abandonner la marche des écoles mutuelles, pour appliquer une méthode à lui, dont il avait obtenu de bons résultats. Les résultats étaient aussi sous mes yeux, et n’étaient pas du tout propres à me convaincre de son impartialité sur ce point. Je demandai alors la grammaire et les tableaux publiés par la société. Il n’y en avait pas, et le maître fut obligé de me dire que trois ou quatre élèves au plus l’apprenaient ; enfin, il confessa qu’il avait beaucoup modifié la méthode mutuelle, et qu’il n’en avait conservé que l’enseignement de la lecture. C’était là que je l’attendais, je ne voyais pas un seul des tableaux publiés à diverses époques par la société, et il fut encore obligé de m’exhiber un tableau de voix et d’articulations qu’il faisait apprendre à ses élèves ; il avoua enfin que son école n’était mutuelle que parce que les enfants s’instruisaient les uns les autres ; c’est-à-dire qu’il se déchargeait tout bonnement sur eux de la peine que lui eût donnée l’instruction individuelle ou simultanée de la classe.

Ardennes ; an. de Rocroy, cant. de Rumigny. — La plupart des maires prétendent même que les ressources de leur commune ne permettent pas de procurer à l’école une planche noire.