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La plupart, en Touraine, sont des bretons, des normands, quelques picards. Leur titre d’étranger n’inspire pas d’abord grande confiance ; on attend que l’expérience ait appris si ce sont d’honnêtes gens, ou s’ils n’ont pas eu des raisons fâcheuses de déserter leur pays, et malheureusement, bientôt on les voit s’adonner à la dissipation, à l’inconduite, contracter des dettes par défaut d’économie, épouser les querelles de voisinage ; on apprend que l’un vit en concubinage, que l’autre est un prêtre marié, et la confiance est étouffée dans les familles avant d’avoir pu naître. L’école étant vide, l’instituteur reprend ses dieux pénates et les emporte quelques lieues plus loin ; souvent encore sa mauvaise conduite ne l’empêche pas d’être un ignorant ; il n’en faut pas tant pour dégoûter une commune de l’instruction qu’on peut puiser dans son école. Alors vous rencontrez dans les villages des petits enfants qui jouent à la cannette, et vous trouvez l’école déserte.

Aveyron ; arr. de Saint-Affrique, cant. de Cornus. — Quelques instituteurs fréquentent les cabarets, ce qui leur fait perdre l’estime des parents, et donne un mauvais exemple aux élèves.

Basses-Alpes ; arr. de Forcalquier, cant. de Digne et de Sisteron. — Cette indifférence tient à une grande pauvreté qui force les parents, en quelque sorte, à se servir de leurs enfants pour les travaux agricoles et pour la garde des bestiaux, dès qu’ils commencent d’être en âge de s’y livrer ; à ce que la plupart des écoles étant dirigées par des ignorants, des routiniers, les enfants qui en sortent après six ou huit ans d’étude, ne sont guère plus instruits que ceux qui ne les ont jamais fréquentées ; enfin, à ce que des instituteurs joignant à un défaut absolu d’instruction, la plus grande négligence, des vices grossiers, l’ivrognerie, le libertinage, l’impiété, ne peuvent absolument inspirer aucune confiance. Tels sont certains instituteurs que j’ai signalés dans le tableau même.

Calvados ; arr. de Vire, cant. d’Aunay-sur-Odon. — C’est la coutume des habitants de quelques communes, de recourir aux maîtres d’école pour régler leurs comptes et tenir leur correspondance. Or, ce travail se fait au café ou au cabaret, et tout le fruit qu’en retirent les maîtres, consiste dans un dîner, un déjeuner, quelquefois moins ; mais presque toujours assez pour qu’il y ait excès. J’ajouterai que les parents mêmes des élèves se font un malin plaisir d’échauffer les têtes de ceux qui doivent diriger l’éducation de leurs enfants, et qu’ils croient ne les avoir bien recommandés qu’autant que leurs efforts ont été couronnés d’un plein succès.

Landes ; arr. de Saint-Sever. — Il est d’usage dans ce pays que toutes les affaires, petites ou grandes, se règlent au cabaret. Messieurs les instituteurs sont toujours pris pour arbitres et pour notaires, parce