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de cloches, secrétaire gratuit de M. le maire, et domestique de M. le curé. J’ai vu, dans un marché tout récemment conclu, entre autres conditions imposées et consenties, celle de porter l’eau bénite, tous les dimanches, dans chaque maison de la paroisse, moyennant un morceau de pain ou une petite pièce de monnaie ; cette charge, qui tient à des usages religieux toujours respectables, peut être, ce me semble, remplie par un enfant de chœur, et doit être interdite à l’instituteur communal. Le salaire qu’il en retire l’assimile au dernier des mendiants.

Landes ; arr. de Mont-de-Marsan. — Le peu de honte qu’ils éprouvent à faire la quête de porte en porte, le sac sur le dos, semble prouver combien ils sont peu dignes de répondre aux vues de l’État. Mais aussi, qui voudrait être instituteur au prix de la plupart de ceux qui exercent ici ces honorables fonctions ? Instituteur et mendiant est presque synonyme. Sonner les cloches, faire le métier d’appariteur, enterrer les morts, aller, dans la saison, quêtant çà et là quelques pommes de terre, quelques raisins, quelque peu de blé, voilà ce qui les attend. Ils sont les derniers de la commune. On voit même aujourd’hui certains maires considérer assez peu leurs instituteurs pour les reléguer à la cuisine, où ils mangent avec les domestiques.

Manche ; arr. de Saint-Lô, cant. de Thorigny. — Il n’y a guère qu’un tiers, bien certainement, pas la moitié des instituteurs, qui reçoivent annuellement des communes de quoi avoir du pain sec toute l’année ; les autres ne reçoivent pas autant qu’un mendiant. À cette insuffisance des traitements, se joint encore l’habitude invétérée de supputer par semaine l’instruction donnée aux enfants, procédé aussi funeste aux progrès et aux méthodes qu’à l’intérêt de l’instituteur, puisque les élèves s’absentent le reste d’une semaine dont ils ont perdu un ou deux jours, pour ne pas être obligés de la payer tout entière.

Pas-de-Calais ; arr. de Montreuil, cant. de Hesdin. — Les maîtres vont, le samedi, porter de l’eau bénite, et reçoivent un petit pain de chaque maison où l’on a pétri.

Doubs ; arr. de Besançon. — Sous le régime de la nouvelle loi, il faut nécessairement voir disparaître ces marchés ridicules ou bizarres, que l’instituteur était dans la nécessité de contracter avec les communes pour un, deux ou trois ans : on fait marché avec lui, comme avec le pâtre du village, dont l’utilité est regardée quelquefois, dans certains villages, comme supérieure à celle du maître. Par ces marchés, on fixe le gage (comme on voit, rien n’y manque pour le ramener à l’idée de domesticité) de l’instituteur.

Haute-Marne ; arr. de Chaumont, cant. de Chaumont, d’Andelot, de Juzennecourt, de Vignory, de Doulevart, de Donjeuz