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du pays, y possédant quelque bien, en ayant toutes les habitudes. Mais comment avoir des instituteurs du pays, s’il n’y a pas même une école ? Choisir dans ces communes quelques enfants, que l’on élèverait dans une grande ville aux frais du département, et que l’on ferait passer par l’école normale primaire, serait un moyen peut-être praticable, dont l’exécution offrirait quelques difficultés, et dont les résultats seraient incertains. Il paraîtrait préférable d’y envoyer provisoirement des instituteurs étrangers, auxquels on assurerait, sur les fonds du département, et pendant un nombre d’années déterminé, un traitement qui pût rigoureusement suffire à leur existence. Peut-être, après quelques années, cette subvention ne leur serait plus nécessaire ; peut-être, verrait-on alors sortir de leurs écoles quelques jeunes gens du pays capables de suivre les cours de l’école normale, et de s’établir eux-mêmes comme instituteurs dans leurs propres communes.

Indre-et-Loire. — Je n’ai pas visité l’école normale primaire d’Orléans, d’où le département d’Indre-et-Loire a tiré quelques instituteurs. Il serait donc injuste de la juger d’après le petit nombre de ceux qu’elle a fournis à nos écoles, surtout si l’on considère que presque tous y ont seulement passé deux ou trois mois. Cependant, j’ai pu m’assurer par eux, qu’ils en sortent sans aucune connaissance des méthodes. Ce devrait pourtant être là l’objet assidu des soins d’un directeur d’école normale. Et il ne faudrait pas se contenter de leur en faire un cours suivi, qu’ils fussent obligés de rédiger eux-mêmes, de commenter, de modifier : il serait encore indispensable de leur en faire appliquer souvent la théorie et les principes, dans l’école pratique annexée à l’établissement, ou dans une des écoles de la ville. Si l’on ne veille, avec la plus grande attention, à cette partie de l’enseignement, l’école normale manque son but. Les instituteurs qu’elle envoie, pourront avoir acquis une main plus sûre pour l’écriture, une plus grande habitude du calcul, une connaissance telle quelle de l’orthographe usuelle ; mais, une fois dans leur école abandonnée, pour la méthode, à tous les caprices de leur esprit, ils transmettront, sans ordre et presque toujours sans fruits, ce petit trésor d’instruction qu’ils auront amassé pendant leur séjour dans l’établissement. Je ne sais, si ces voyages de quelques mois à l’école normale du département, sont assez favorables aux instituteurs pour qu’on les y sollicite avec tant d’instance. La plupart de ceux qui les entreprennent, n’ont d’autre but que de pouvoir, à leur retour, se parer du titre d’élèves de l’école normale, et demander, comme tels, quelque emploi dans une commune plus riche. Il serait peut-être juste, pour ne pas nuire aux véritables élèves de l’école, qui y accomplissent le cours régulier d’études, de refuser des certificats aux élèves de passage, et de leur interdire le titre d’élèves de l’école normale, qu’ils vont ensuite discréditer dans les communes. À mesure que l’instruction primaire va