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mutuelle, et contre les élèves de l’école normale, et que leur bienveillance est en raison inverse du mérite des instituteurs et de l’élévation de l’enseignement.

Haute-Loire. — Je dois signaler ici la répugnance extrême que j’ai remarquée partout envers les élèves de l’école normale. On ne les demande nulle part pour instituteurs ; et cependant si on les impose aux localités, quels seront les résultats de cette violence ? Dans toutes les communes, le clergé est en possession de l’influence morale, et une école établie contre son gré prendra bien rarement. Enfin, ces jeunes gens seront soumis à de rudes épreuves ; leurs essais seront pénibles, et ce ne sera qu’à l’aide du temps, et surtout à l’aide des bons principes qu’ils auront reçus à l’école normale, qu’ils pourront triompher de la fatale prévention qui les poursuit.

Mayenne ; arr. de Mayenne. — Ils (les curés) disent que l’Université va faire main-basse sur tous les instituteurs actuels, sans exception, et que du sein des écoles normales, comme d’un repaire impur, vont sortir des jeunes gens impies qui jetteront le trouble dans les paroisses. Pleins de ces préventions, les instituteurs tremblaient à mon approche, et se croyaient tous arrivés au moment d’abandonner leur poste.

Vosges ; arr. de Mirecourt. — Selon les curés, les écoles normales ne forment que des hautains et des impies. Il y a bien un curé qui a fait un règlement fort long où, parmi trente-six autres articles les uns plus ridicules que les autres, on voit figurer celui-ci : Lorsque l’instituteur voudra aller dîner chez les parents d’un élève, il devra m’en demander (c’est-à-dire à M. le curé de J***) préalablement la permission. Ce règlement, je crois, est dans les archives du comité de Mirecourt.

Ain ; arr. de Belley, cant. de Belley. — Chasey-Prous et Cusieux, communes voisines, viennent de se réunir et de s’entendre pour envoyer à l’école normale de Bourg un jeune homme qui a de l’aptitude et de la capacité.

Cher ; arr. de Bourges. — À Lancry, le curé veut bien préparer un candidat pour l’école normale, qui le rendrait ensuite tout formé à son village ; et de même, pour éviter l’inconvénient des gens dépaysés, dont les antécédents ne sont pas connus dans la localité où ils exercent, le curé de Genouilly a décidé un jeune homme de sa paroisse à se présenter aux examens.

Gironde ; arr. de Bordeaux, cant. de Castelnau. — Que du moins l’on multiplie les instituteurs ; qu’ils soient, s’il y a lieu, chantres, secrétaires de mairie ; mais tous les traitements que l’on pourra réunir ne suffiront pas pour les faire vivre, et le produit de l’école doit être compté pour rien. Il faudrait que ce fussent des hommes