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recommandé, consiste à avoir une longue liste des mots les plus usuels, et qui sont pour cela les plus dénaturés dans la bouche des paysans ; en regard se trouvent les mots tels qu’ils doivent être prononcés. Après plusieurs lectures préalables, le maître lit le mot patois, un des enfants est obligé de répéter le mot français. Ce sont les éléments de grammaire pratique les plus utiles, je dirai même les plus indispensables que l’on puisse introduire dans les villages avec la facilité de les approprier à tous les idiomes. Je dois le dire ici : dans les campagnes, l’étude sèche et aride de la grammaire de Lhomond, ou de toute autre, est d’un effet nul pour l’amélioration du langage. Un petit dictionnaire, en quelques feuilles, fait sur le plan ci-dessus indiqué, et dont la rédaction serait confiée à des gens familiarisés avec le dialecte local, aurait, j’en suis persuadé, l’avantage d’apporter au mal un remède efficace.

Haute-Marne ; arr. de Langres. — Parmi les écoles du canton d’Auberive, il en est une qui me paraît mériter d’appeler un moment votre attention : je veux parler de celle de Chameroy. Dans cette commune, l’enseignement est assez avancé, les enfants n’y parlent plus patois, m’a-t-on dit. L’instituteur, et cette heureuse idée lui appartient, exige que ses élèves rédigent, toutes les semaines, la leçon du catéchisme faite par M. le curé. Cet usage, outre qu’il accoutume ces enfants à écrire avec une certaine facilité, contribue puissamment à développer leur intelligence.

Le curé, homme capable, suit lui-même ce travail ; il l’encourage en distribuant, à ses frais, des prix à ceux qui montrent le plus de dispositions, il est surpris du soin qu’on met dans les rédactions et de la manière dont ces petits paysans s’en tirent.

Morbihan ; arr. de Vannes. — En attendant que les écoles se multiplient, que les communications deviennent moins difficiles, il semble qu’on devrait se borner actuellement à offrir aux élèves les moyens de séjourner à l’école, au moins dans l’intervalle des classes du matin et du soir. Il suffirait d’appliquer aux écoles primaires un mode de pensionnat usité dans plusieurs colléges de Bretagne, où des élèves dits chambriers ne reçoivent que le logement et la soupe. Déjà, dans quelques localités, le maître, pour une très-modique rétribution, fournit le bouillon pour la soupe aux enfants qui n’apportent de chez eux que leur pain. Il ne serait pas impossible d’étendre cet usage. Un léger secours sur les fonds de la commune ou du département, permettrait d’accorder gratuitement le même avantage aux enfants pauvres. On pourrait aussi, à peu de frais, pratiquer des dortoirs au-dessus des salles d’école que l’on fait construire. Les élèves resteraient ainsi plus longtemps soumis à l’action du maître. Lorsqu’à l’aide de dialogues familiers et de vocabulaires méthodiques, ils auraient appris les mots les plus usuels de la langue française, le breton leur serait absolument interdit. L’explication soigneuse et exacte des lectures françaises leur fe-