Page:Lorain - Tableau de l’instruction primaire en France.djvu/248

Cette page a été validée par deux contributeurs.

maux de la misère. Un sol moins stérile, une certaine industrie, et des communications plus libres procurent un peu plus d’aisance à tout le reste du canton ; et cette différence de fortune est le thermomètre de l’état de l’instruction primaire dans les deux parties.

Jura ; arr. de Poligny, cant. de Salins. — On remarque une différence assez sensible entre la montagne et la plaine, toute à l’avantage de la première ; cette nuance se retrouve, sans doute, dans les localités analogues de l’académie. Elle s’explique par la longueur des hivers et les autres circonstances qui rendent les montagnards plus sédentaires, leur font une sorte de passe-temps de l’instruction : la vivacité de l’air les y rend d’ailleurs plus propres.

Haute-Loire ; arr. de Le Puy, cant. de Le Puy. — Comment faire participer aux bienfaits de l’instruction primaire des villages de montagnes que leur peu de population et leur pauvreté agglomèrent dans la pensée, mais qu’en réalité leur topographie isole, et que l’hiver enclot ? Dans ces fractions écartées de communes, il n’y aura d’instruction primaire que pour quelques enfants dont les parents seront assez aisés pour les envoyer camaristes au chef-lieu. Ainsi, bien qu’avec le secours du temps et de grands frais, on eût la perspective de faire faire d’immenses progrès à l’instruction primaire dans le département, on ne pourra jamais l’y mettre à la portée de tous les enfants de ces montagnes.

Aveyron ; arr. de Saint-Affrique, cant. de Saint-Rome-du-Tarn. — Une grande partie du canton de Saint-Rome-du-Tarn se trouvant dans un pays peu fertile et pauvre, les habitants n’ont aucun goût pour l’instruction.

Charente-Inférieure ; arr. de Jonzac. — Je dois dire qu’il m’a paru que les écoles étaient d’autant moins fréquentées, que le pays était plus pauvre, et que j’ai été porté à en conclure que la misère était l’un des principaux ennemis de l’instruction.

Dordogne ; arr. de Riberac, cant. de Montpont. — Au premier coup d’œil qu’on jette sur ces riches campagnes, sur ces chemins bien tracés, sur cette route où la berline passe à côté du chariot ; à la vue de ce mouvement, de cette prospérité, on doit croire qu’ici les idées sont avancées, et que l’instruction primaire est florissante. Il n’en est rien. Le long de cette route même, si vous exceptez Montpont, vous trouverez peu de gens qui sachent lire et qui fassent cas de la science. Les plus riches communes du canton ne sont guère plus éclairées que celles qui sont situées sur le sol ingrat de la Double. Des causes opposées amènent les mêmes effets : la fertilité de la terre et sa stérilité. Ici, la population se compose de riches propriétaires qui envoient leurs enfants à la ville, et de métayers qui, tout entiers aux travaux champêtres, n’ont pas le temps de songer à l’instruction. Là, presque tous courbés sous le joug de la pauvreté, ils n’ont d’autre souci que le soin de leur subsistance.