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village. C’est lui qui rédige les procès-verbaux des maires, les délibérations du conseil municipal ; c’est lui qui fait la correspondance des particuliers, ainsi que les actes sous seing privé ; c’est encore lui qui publie les annonces, qui arpente les champs, qui conduit l’horloge, etc. Tout se fait par lui, rien ne se fait que par lui. Une ancienne vénération l’entoure, et c’est bien là que l’on dit encore : le maître l’a dit.

À côté de ce défaut, occasionné par les relations trop intimes qui existent entre les maires et les instituteurs, s’en trouve un autre et qui en est la cause. L’ignorance de la plupart des maires, incapables de juger de toute l’importance des renseignements qu’on leur demande ; leur bonhomie à ne vouloir nuire à personne, leur insouciance, ou leurs occupations, qui les détournent de leur surveillance sur l’école ; en sorte qu’ils répondent presque tous à vos questions : « Le maître vous dira cela mieux que moi, » ont encore embarrassé la rédaction des notes du tableau. Ils ignorent le mode d’enseignement que suit le maître, les corrections qu’il emploie, le temps qu’il donne à sa classe, les travaux particuliers qui l’en détournent et la lui font négliger, le nombre des enfants qui fréquentent la classe, la durée du cours de chaque année, et même quelquefois le traitement qu’ils ont voté.

Nord ; arr. de Lille. — Peu d’autorités s’inquiétent si les parents, ou tout au moins les indigents, envoient ou non leurs enfants à l’école. Les maires auraient pourtant bien peu d’efforts à faire pour déterminer les familles, les pauvres du moins qui dépendent d’eux, à profiter, pour l’instruction de leurs enfants, des immenses bienfaits du gouvernement. Il est déplorable de voir combien peu de pauvres et d’ouvriers envoient leurs enfants à nos écoles. Si le zèle des maires, à cet égard, venait à l’appui de celui de beaucoup de curés, l’instruction du pauvre peuple ne laisserait bientôt plus rien à désirer.

Saône-et-Loire ; arr. de Charolles, cant. de .............. — À mon arrivée à B....., j’ai trouvé une lettre du maire qui m’engageait à m’adresser à ses adjoints, parce qu’il avait une partie de chasse qui l’empêchait de me voir ; j’ai cru devoir attendre son arrivée, mais malheureusement, il avait alors un appétit de chasseur, ainsi qu’il me l’a dit, et il m’a écouté d’une oreille assez distraite.

Haute-Vienne ; arr. de Bellac, cant. de Bessines. — Cependant, il s’est trouvé deux conseils municipaux, celui de la commune de B… et celui de la commune de B...., qui ont refusé de s’imposer, sous le prétexte que l’instruction est plus nuisible qu’utile au bas peuple.

Gers ; arr. de Condom. — Les conseils municipaux des campagnes, dans le canton que nous avons parcouru, se sont, en général, opposés à l’exécution de la nouvelle loi. Souvent, ils sont en grande partie