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moins, ferait encore une loi de le ménager. Sans doute, s’il fallait acheter son concours par de lâches complaisances, tolérer pour lui les abus, laisser dormir, en sa faveur, les règlements et les lois, il ne serait, ni de l’honneur, ni de l’intérêt du Gouvernement, de mendier un appui qu’on lui vendrait plus cher, à raison même de sa pusillanimité. Mais, le meilleur moyen de rendre le clergé hostile, c’est de trop préjuger d’avance cette hostilité ; aussi, louerons-nous comme un acte de haute sagesse, de la part des Chambres, d’avoir admis le curé de plein droit, parmi les membres du comité spécial de chaque commune. Exclure le clergé de la surveillance des écoles, c’eût été prononcer le divorce de l’instruction religieuse et de l’instruction primaire ; c’était, par le fait, lui livrer tout entière l’éducation dont on lui refusait légalement sa part.

Je crois que les personnes qui ont accusé le clergé d’hostilité ouverte, ou de menées souterraines, l’ont souvent jugé par leurs craintes plutôt que par les faits : il n’était pas invraisemblable qu’une révolution qui venait de détruire un gouvernement, protecteur déclaré de l’Église, serait mal accueillie par le clergé ; que la libre effusion des plus pernicieuses doctrines, et les attaques les plus impunies, le mettraient en alarme ; qu’il n’aurait pas une foi parfaite dans les convictions religieuses d’un pouvoir qui laissait démolir les archevêchés et briser les croix sur le dôme des temples. C’est d’après les insultes faites à l’Église, que l’on a conjecturé sa haine ; on a conclu du mal qu’elle avait souffert à un sentiment de vengeance qu’elle ne doit pas connaître ; et, par un cercle vicieux trop ordinaire aux esprits passionnés, on croyait s’excuser, à ses propres yeux, les torts qu’on s’était donnés avec elle, en se persuadant qu’elle n’attendait qu’une occasion de nous les rendre : on espérait la trouver coupable.