Page:Lorain - Tableau de l’instruction primaire en France.djvu/137

Cette page a été validée par deux contributeurs.

Le calcul, ordinairement nul (350), est toujours mal enseigné (351). Vous trouvez des enfants qui opèrent passablement sur une multiplication, et qui ne peuvent écrire un nombre de trois chiffres (352). Dans tous les cas, il ne faut pas demander une explication : car cette partie de leur instruction qui offrirait l’occasion naturelle de développer chez eux les premiers éléments du raisonnement, est au contraire bornée à une pratique toute mécanique. Le système décimal est inconnu (353). On peut en dire autant du système métrique (354), à l’exception de quelques écoles où l’on a résolu la difficulté en mettant sous les yeux et entre les mains des élèves, des modèles de mesures et de poids légaux dont le maniement journalier leur rend cette connaissance sensible et familière (355).

La grammaire n’est pas mieux accueillie. Il est telle école où on n’en avait pas vu trace depuis quinze ans (356), et d’autres où les maîtres de pension du chef-lieu ne permettaient pas à l’instituteur de s’élever à cet enseignement (357). D’ailleurs, c’est comme le calcul, un casse-tête, que les parents, par une tendresse mal entendue, veulent épargner à leurs enfants (358) ; et puis, le pain de chaque jour est nécessaire, mais la grammaire ne l’est pas (359). Enfin, il est vrai que la manière dont on l’enseignerait laisse peu de regrets. Les maîtres qui se piquent de la faire connaître dans leur école, se contentent, comme pour le catéchisme, d’une récitation que l’élève ne comprend pas, mais ils n’expliquent pas le sens des termes, et négligent toute application des règles (360). Que dirai-je de la géographie ? Des enfants, interrogés dans les écoles sur le pays qu’ils habitaient, ont été fort étonnés d’apprendre qu’ils étaient Français (361). Nous avons lu pourtant avec une surprise mêlée d’un sentiment de plaisir, que l’arpentage était