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envoyer leurs enfants, à la condition d’acheter le livre désigné par le maître (325). Il y en a qui font pis encore ; et, telle commune a refusé pour instituteur communal un homme pourvu d’un brevet du premier degré, parce qu’on craignait, qu’à raison de son instruction, il n’introduisît une méthode qui les constituerait en frais (326). Le coût, comme ils disent, en fait passer le goût. Servitude humiliante pour les instituteurs, pour ceux du moins qui le sentent, et qui, dans l’alternative d’adopter un mode mauvais ou de manquer d’élèves, finissent par se décider à regret pour la méthode qui les fera vivre (327). Car, on se fait à peine une idée du despotisme à la fois ignorant et brutal dont ils sont quelque fois victimes (328). Tel instituteur s’est vu reprocher comme un crime de se délasser le soir à jouer de la flûte (329). Tel autre, devenu suspect par des lectures dont il charmait ses promenades, a été obligé de quitter la commune, s’il n’y voulait laisser ses grègues ; il aurait été lapidé comme sorcier : un Virgile était cependant tout son grimoire (330).

Je regrette que l’on ait donné, par abus, le nom de méthodes à l’ensemble systématique des procédés d’enseignement qui distinguent ces deux modes. Mais elles sont désormais reçues dans la langue, il y aurait de l’affectation à leur disputer leur nom. Toutefois, on conçoit qu’indépendamment de cet instrument pédagogique, il y a dans l’enseignement de chaque science une marche progressive et graduée qui est proprement la méthode, et c’est celle-là surtout que nous nous plaignons de voir entièrement méconnue dans les écoles.

Un bon manuel d’enseignement mutuel ou simultané, étudié consciencieusement par le maître, l’aura mis à même en peu de temps de pratiquer aussi bien que personne la règle imposée : mais, la méthode qu’il doit suivre pour préparer son école aux difficultés, pour