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fusions l’agilité et la souplesse nécessaires pour rivaliser de précision dans les mouvements, avec leurs compagnons : nous avons vu de nos yeux la preuve du contraire ; mais, il y a dans cette gymnastique si raide et dans ces manœuvres toutes viriles, quelque chose qui contraste singulièrement avec la grâce et la décence de leur sexe. C’est un spectacle à faire mal au cœur, que de voir, au coup de sifflet du maître, des jeunes filles cracher dans leurs doigts pour essuyer l’ardoise ; je sais bien que cette habitude n’est pas beaucoup plus honnête chez les garçons, et qu’il vaudrait mieux leur imposer le petit bourrelet de lisière ou de cuir, qui doit servir à cet usage ; mais, c’est encore un soin qu’on n’obtiendra pas de long-temps dans les campagnes, où la malpropreté des maîtres encourage et justifie celle des enfants (314). Des raisons plus graves de bienséance peuvent encore être alléguées. Rien de plus déplaisant, que de voir ces jupons courts de la campagne enjamber les bancs, au signal donné, et, une jeune fille, déjà grandelette, toute fière d’exercer la dignité de moniteur, monter vivement auprès du télégraphe, pendant que sa petite troupe vient à ses pieds, l’œil curieux et l’esprit distrait, exécuter la fin de la manœuvre (315). Je n’oserais donc trop espérer de l’enseignement mutuel, pour la régénération de l’instruction primaire dans les campagnes. Le grand développement qu’il exige, l’étalage de matériel et de mobilier qui lui est nécessaire, le grand concours d’enfants, sans lequel il ne peut devenir florissant, le destinent surtout aux villes dont les sacrifices ne sauraient être suffisants pour entretenir un nombre d’écoles simultanées proportionné aux besoins de leur population, ou qui voudront la mettre aux prises avec les méthodes rivales pour les animer à de nouveaux succès. Il est certain que, dans ce cas, la méthode mutuelle est une méthode économique par excellence :