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Alors aussi, les populations des campagnes ne s’en feront plus un épouvantail : elles se familiariseront tout doucement avec des écoles du diable (310) : elles ne se révolteront plus à l’idée qu’on fait marcher leurs enfants en les sifflant comme des chiens (311). Ou plutôt, s’il ne faut pas s’attendre que les communes rurales adoptent jamais ce mode d’enseignement, ce sera du moins par des motifs plus raisonnables.

1o Tout le monde sait que la prospérité d’une école mutuelle, tient essentiellement à la bonne composition des moniteurs, et, si le maître n’avait pas l’attention de consacrer, chaque jour, à l’instruction des moniteurs, une classe particulière, il manquerait à son premier devoir. Il faut donc attacher les moniteurs à l’école, et, dans les grandes villes, on en a si bien senti la nécessité, qu’on les a quelquefois payés, pour pouvoir compter davantage sur leur exactitude. Or, les moniteurs devant être choisis parmi les élèves de l’école les plus instruits, sont naturellement les plus grands, les plus forts, ceux dont les parents attendent le plus impatiemment le secours. Ce sont les premiers à quitter l’école pour prendre part aux travaux des champs (312) : une fois qu’ils ont donné le signal, l’école est désorganisée, et ne peut plus conserver la même forme : nous ne serions pas étonnés, que souvent une école, mutuelle pendant l’hiver, fût obligée de devenir individuelle, ou simultanée, pendant l’été (313).

2o À peu d’exceptions près, une commune rurale ne peut fournir à l’école mutuelle une population d’enfants suffisante.

3o Dans la plupart des communes rurales, longtemps encore, les filles seront réunies avec les garçons, pour recevoir en commun, l’enseignement de l’instituteur communal, et les exercices de la méthode mutuelle ne leur conviennent pas. Ce n’est pas que nous leur re-