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le mal ne serait pas grand, si elles étaient toutes bornées à un très-petit nombre d’enfants, qui ne comporte pas d’autres méthodes ; mais, comme en hiver surtout, et dans les villes, en toute saison, les écoliers sont assez nombreux pour exiger un autre mode d’enseignement, on a raison de poursuivre à outrance cette malheureuse routine, partout où elle peut être utilement remplacée.

Elle ne peut l’être encore partout.

Bien des obstacles souvent s’opposent à ce qu’on lui substitue l’enseignement mutuel.

Je parlerai peu des préjugés qu’avec le temps on peut vaincre (305). La répugnance du clergé, pour l’établissement de ces écoles, n’était pas sans quelque fondement (306). Protégée par une opinion politique directement contraire aux prétentions ambitieuses qu’on soupçonnait alors dans le clergé, la méthode mutuelle ne s’est pas présentée avec les promesses de garantie religieuse que devaient demander l’Église et les familles. Les instituteurs, pourvus du brevet de capacité, délivré alors au nom de la société, n’avaient souvent aucune instruction des choses de la religion. On affectait même de ne point les examiner sur ces questions, et on ne prétendait répondre en rien de leur moralité. De là, des choix quelquefois malheureux qui ont compromis le succès de la méthode ; mais, quand il sera bien prouvé que l’enseignement mutuel n’est d’aucun parti, d’aucune secte, que c’est un mode d’instruction qui peut se plier à toutes les formes sociales ; quand les ministres de la religion verront qu’on y chante, comme ailleurs, des cantiques pieux (307), que le catéchisme n’y est pas enseigné avec moins de soin que dans les autres écoles (308), que le maître n’en témoigne pas moins de respect pour l’église et pour son curé, pourquoi lui préférerait-on des confréries, dont tout l’avantage était de donner ces garanties qu’il offrira comme elles (309) ?