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vous animent l’un contre l’autre, et ensuite je vous conduirai moi-même sur le terrain.

Albano.

Don Félix a eu à Séville un duel dans lequel il a été blessé.

Don Félix.

Il n’y a pas de déshonneur à être blessé dans un combat. Votre épée m’a atteint comme la mienne aurait pu vous atteindre. Aussi n’est-ce pas pour cela que je viens.

Albano.

Que demandez-vous donc ?

Don Félix.

Ma sœur, que vous avez enlevée ; et je ne retournerai pas sans elle à Séville, ou sans votre vie.

Dinarda.

Ce n’est pas la peine de vous battre en duel l’un contre l’autre. Si le seigneur Albano consent à épouser la sœur de don Félix, je m’engage à la faire paraître ici à l’instant. Allons, faites la paix.

Don Félix.

Voici ma main.

Albano.

Voici la mienne.

Dinarda.

Eh bien ! la sœur de don Félix, l’épouse de don Albano, vous l’avez devant vos yeux : c’est moi-même !

Phénice.

Quoi ! vous, don Juan !

Dinarda.

Je ne me suis jamais appelée de ce nom.

Phénice.

Vous n’êtes donc pas un homme ?

Dinarda.

Non, puisque je suis une femme.

Phénice.

Ô ciel ! comme j’ai été jouée ! — Alors il est juste que l’on me restitue mes présents. — Capitaine Osorio, rendez-moi la chaîne.

Le Capitaine.

Non, ma charmante ; je veux la porter toute ma vie à votre intention comme votre esclave dévoué ; et s’il y a quelque bravo qui en ait envie, qu’il vienne me la demander dans le champ.

Phénice.

Vous, Bernardo, rendez-moi la bague que je vous ai donnée.

Bernardo.

Non, madame ; je la garde : ce qui est donné est donné.

Phénice.

Et vous, Fabio, mon joyau ?