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Célia.

Vous me croyez donc bien libre ?

Bernardo.

C’est une marque d’estime…

Fabio.

Un témoignage de respect.

Célia.

Vous me prouvez votre estime d’une façon bien peu respectueuse.

Bernardo.

Ah ! Célia !

Fabio.

Célia !


Entrent ALBANO et CAMILO.
Albano.

C’est ici que Phénice est entrée.

Camilo.

Eh bien ! c’est ici que demeure le capitaine Osorio, camarade de ce don Juan.

Albano.

Voici ses pages.

Camilo.

Et voilà Célia.

Albano.

Comment ! vous, Célia, dans cette maison ?

Célia.

Cela vous paraît-il donc un miracle pour en être si fort étonné ?

Albano.

Je viens de laisser le capitaine aux environs de cette rue, et je suis surpris de vous voir chez lui.

Célia.

Il n’y a pas là de quoi vous scandaliser, seigneur Albano. Le capitaine est habitué à nos façons d’agir. Les femmes de l’humeur de ma maîtresse aiment assez par moments les nouveautés.

Albano.

Quel est donc ce militaire qui demeure ici ?

Célia.

C’est la beauté, la grâce et la gentillesse mêmes ; c’est la perle la plus précieuse qui ait jamais passé d’Espagne en Italie ; c’est un autre Adonis dont ma maîtresse voudrait être la Vénus ; en un mot, c’est l’incomparable don Juan de Lara.

Camilo, à Albano.

Qu’en dites-vous ? Don Juan de Lara est-il, à cette heure encore, une femme ?