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Lucindo.

Je ne manquerai pas de me rendre à cette invitation.

Phénice.

Tout le bonheur que je souhaite en ce monde viendra avec vous, seigneur ; et je n’aurai plus de soucis, car j’aurai expédié cet argent à Messine.

Lucindo.

Je ne tarderai pas à vous revoir.

Lucindo sort.
Phénice.

Est-il parti ?

Célia.

Il descend l’escalier.

Phénice.

L’ai-je pompé habilement ?

Célia.

Parlez plus bas, et ne vous hâtez pas de triompher. Le jour n’est pas encore fini, et un repentir peut saisir notre homme au collet tandis qu’il chemine à son auberge.

Phénice.

Tais-toi, Célia ; tu ferais mieux de rire que de moraliser. En voilà un que j’ai pêché avec une adresse rare, et qui n’oubliera pas l’hameçon de Phénice. — Mais chut ! on frappe.

Célia.

Quelqu’un monte.

Phénice.

Il me semble que j’entends le chat qui miaule.


Entre TRISTAN.
Tristan.

Pour vous montrer mon dévouement, je ne me suis pas arrêté une minute. Voici l’argent.

Phénice.

Voyons un peu. (Elle prend la bourse.) Ce sont des écus. Tiens, Tristan, voilà pour toi un doublon ; et dis à cet estimable cavalier qu’il vienne souper au plus tôt, que je l’attends avec reconnaissance. Adieu, je te laisse… j’ai affaire.

Tristan, à part.

Il y a quelque chose là-dessous. Je crains bien que, contre la coutume établie, cette souris n’ait croqué notre chat.

Il sort.
Célia.

Il s’est en allé en murmurant je ne sais quoi entre les dents.

Phénice.

Qu’importe ! les rivières murmurent pareillement, et cela n’empêche pas qu’on n’y pêche de bons poissons.

Célia.

Mais qui ne sont pas aussi précieux que celui-là.