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Inès, annonçant.

Don Louis et don Juan !

Don Fernand.

Qu’est ceci ?

Don Louis.

À cette place même, madame, vous vous êtes plainte de moi comme étant la cause indirecte du départ de don Juan. Le vrai coupable, c’est lui ; car il a été ingrat envers nous trois. Envers don Fernand, puisqu’il a quitté ainsi brusquement la maison de son hôte ; envers moi, puisqu’il était mon rival à mon insu ; et envers vous, puisqu’il a récompensé votre amour par l’abandon. Furieux, je suis parti de Tolède en faisant serment de le ramener en prison. Et puisque, comme chacun sait, le mariage est une prison perpétuelle, je le laisse prisonnier en vos mains, à condition que vous allez jurer, don Juan, de demeurer avec joie dans une prison si douce ; et vous, madame, de le garder soigneusement aussi longtemps que le permettra la volonté du ciel.

Don Juan.

Plein de reconnaissance, monseigneur, je fais ce serment entre vos nobles mains.

Léonarda.

Cette générosité est digne d’Alexandre.

Don Louis.

Fernand, je vous constitue alcayde, et vous remets les prisonniers.

Don Fernand.

Et s’il y a deux autres prisonniers ?

Don Louis.

Cela vous regarde.

Don Fernand.

Que dites-vous, Lisène ?

Lisène.

Que je suis flattée de cet honneur.

Citron.

Attendez ! il y en a encore deux ; car dans le mariage on va toujours deux à deux comme les perdrix.

Don Louis.

Et qui sont ceux-là ?

Citron, à Inès.

Veux-tu ?

Inès.

Je veux bien.

Citron.

J’espérais que tu allais dire non.

Inès.

Et la mule ?