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Don Juan.

Tous les vrais amis doivent être nés sous ce signe. — Quant à moi, de même que Phidias se plaisait à donner à ses statues le nom d’un de ses amis, ce sera vous désormais qui inspirerez tous mes actes.

Don Louis.

Je vous ai voué, don Juan, la plus vive affection, et vous le verrez à ma conduite ; mais je ne veux pas que vous regardiez comme autant d’obligations que vous contractez, les services que je puis vous rendre. En ce moment le contrat ne serait point valable[1]. Attendez que vous sortiez de prison… et je ferai mes efforts pour que ce soit le plus tôt possible.

Don Juan.

Si je vous suis jamais ingrat, seigneur don Louis, que je perde tout le lustre que je tiens du nom qui m’a été transmis, après avoir été si longtemps honoré ! Que je perde la protection de la maison d’Alcala, et celle de votre noble famille[2].

Don Louis.

Vous devez vous ennuyer ici. Je veux cette nuit vous faire sortir et vous mener en un lieu où vous ayez quelque distraction. J’ai une occasion assez rare, et je désire que vous soyez spectateur… ou tout au moins auditeur. Et afin que mes plaisirs n’excitent pas trop votre envie, j’aime à croire que vous aussi vous trouverez quelque agréable passe-temps.

Don Juan.

Je le crois sans peine, allant sous vos auspices.

Don Louis, appelant.

Alcayde !


Entre L’ALCAYDE.
L’Alcayde.

Seigneur ?

Don Louis.

Dionis, mon valet, viendra ce soir, vers neuf heures, chercher don Juan.

L’Alcayde.

Il pourra emmener tout le monde et moi-même si je vous suis bon à quelque chose.

Don Louis.

Vous pouvez me le confier sans crainte. Je me charge de lui, et j’en réponds.

Il sort avec l’Alcayde.

    pas à tort que Lope semble les placer parmi les constellations ? — Du reste, tout ce passage est d’une extrême difficulté.

  1. Parce que don Louis, qui est libre, a tout l’avantage.
  2. Mot à mot : « Que je perde la protection de la maison d’Alcala, où il y a une rivière (un ribera), le port de mon espérance. »