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Inès.

Il y a là un certain Citron aigre-doux, de Séville.

Léonarda.

Son valet ?

Inès.

Et qui me plaît assez.

Léonarda.

Si je me perds, souviens-toi bien que tu y auras contribué, et que c’est mon frère qui m’a fait écrire le premier billet.

Elles sortent.



Scène V.

Dans la prison.


Entrent DON JUAN et DON LOUIS.
Don Louis.

Je suis serviteur de la maison d’Alcala, dont ma famille est l’alliée, et dès qu’on m’a remis votre billet, je suis venu vous voir. J’ai su votre aventure aussitôt après votre arrestation. Je ne vous crois point coupable, et l’on ne peut pas le croire sur d’aussi faibles indices. Quoi qu’il en soit, tant que vous serez en prison je me regarderai moi-même comme prisonnier.

Don Juan.

Je vous baise mille fois les pieds. Je n’attendais pas moins de vous, illustre don Louis de Ribera[1].

Don Louis.

Je mériterai la confiance que vous me témoignez en vous tirant d’ici. (Appelant.) Alcayde ?


Entre L’ALCAYDE.
L’Alcayde.

Seigneur ?

Don Louis.

Don Juan a-t-il du moins un appartement convenable ?

L’Alcayde.

Je lui ai donné ce que nous avons de mieux.

Don Louis.

Voilà qui est bien. Je vais envoyer un lit de chez moi[2]. (L’Alcayde sort.) Je parlerai à mon père afin qu’il nous vienne en aide à tous deux, car nous sommes tous deux prisonniers.

Don Juan.

Je vous baise les pieds mille et mille fois.

  1. Il y a ici plusieurs jeux de mots sur le mot ribera, rivière. « Comme il y a de l’eau dans le ciel, vous êtes une rivière (ou un ribera) céleste, etc., etc., etc. »
  2. À l’époque où Lope écrivait, les prisons de France n’étaient pas mieux meublées que celles d’Espagne.