Mais n’est-ce pas une folie à moi d’éprouver cette sympathie pour un homme que je n’ai jamais vu ?… Quelle est cette puissance inconnue qui m’attire vers lui ? Quel charme m’as-tu apporté ?
Je me suis contentée de vous dire mon avis.
Ô ciel ! pourquoi m’inspirer ces sentiments ? Funeste étoile, pourquoi agiter ainsi mon cœur en faveur d’un homme que je n’ai jamais vu ? — Tu vas y retourner, Inès.
Moi, madame ?
Pourquoi pas ?
Et que désirez-vous ?
Va le voir, et emporte avec toi ce portrait attaché à ce ruban.
Que voulez-vous donc ?
Je voudrais le rendre amoureux de moi. Arrange-toi pour le lui montrer sans me compromettre.
Y pensez-vous ?
Inès, je le connais sans l’avoir vu. L’éloge que tu m’as fait de lui a rempli mon imagination. — Pourquoi me regardes-tu étonnée ? Je veux, je veux l’aimer.
Autrefois, madame, vous vous disiez insensible ; n’importe, je vous servirai de mon mieux. Et puisqu’il en est ainsi, veuillez prendre ce diamant qu’il m’a donné.
Pour moi ?
Oui, madame.
Il ne manquait plus que cela !
C’est un gage de tendresse qu’il vous envoie.
Va, Inès, cours à la prison. Ce cavalier sera mon époux, ou bien nous nous perdrons ensemble.