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Léonel.

Souvenez-vous qui vous êtes ; soyez calme.

Le Vingt-quatre.

Quand je reprendrai ma vieille épée, tu verras s’il me reste du cœur.

Léonel.

Personne ne doute de votre courage.


Entre DON FÉLIX.
Don Félix.

L’infant, mon maître, désire vous parler.

Le Vingt-quatre.

J’ignore d’où peut me venir cet honneur. Mais son altesse ne devait pas se déranger ; elle n’avait qu’à m’ordonner de me rendre au palais.

Don Félix.

Voici son altesse.


Entre l’infant DON HENRI.
Le Vingt-quatre.

Je me prosterne à ses pieds. — (À l’Infant.) Seigneur, que désirez-vous de moi ?

Henri.

Vingt-quatre, ne soyez point surpris de la visite d’un infant : Vous méritez cet honneur.

Le Vingt-quatre.

Seigneur, prenez ce fauteuil ; il figurera désormais dans les armes de ma famille, et la noblesse d’Andalousie m’enviera cette gloire. — Mais, seigneur, puis-je savoir qui m’a procuré l’honneur de cette visite ?

Henri.

Un roi doit tenir tous ses engagements, et sa parole est chose sacrée. — J’ai donné la mienne à ce page qui m’a chez vous précédé. Il a une sœur à marier, et j’ai promis de lui assurer un établissement honorable ; et comme je cherchais un jeune cavalier qui fût digne d’elle, j’ai appris que vous aviez un fils, nommé, je crois, don Juan, — d’un mérite distingué, et qui l’aime… vous devez en être instruit. Je donne pour la dot vingt mille ducats, et comme les vertus de Dorothée en valent plus de cent mille, la voilà fort riche ; sans compter en outre quatre mille ducats que je donne pour son trousseau. Quant à vous, seigneur Vingt-quatre, mon frère le grand maître de Saint-Jacques vous nomme chevalier de son ordre. — C’est ainsi que je m’acquitte de mes dettes.

Le Vingt-quatre.

Je ne sais, monseigneur, comment vous exprimer ma reconnaissance.