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Arias.

Elle le sait… Elle sait tout.

Théodora.

Et je voudrais trouver quelques mots qui pussent vous exprimer un peu ma reconnaissance.

Henri.

Laissons-là les compliments. — Dites-moi, — puisque don Arias vous a parlé, — à quoi avez-vous pensé pour me rendre la vie ?

Théodora.

À mille choses contraires… Je suis bien combattue… En vous voyant si jeune, si aimable, je voudrais pouvoir vous être utile. Mais ma renommée, mon honneur… je ne peux pas oublier ce que je leur dois. — Allons, soyez raisonnable, si c’est possible.

Henri.

Ô mon amie ! ne me donnez pas de tels conseils.

Théodora.

Renoncez à un espoir qui ne se peut réaliser… Et dans un mois, dans une quinzaine de jours, vous aurez oublié Dorothée.

Henri.

Si vous me traitez ainsi, dame Théodora, je suis perdu. Ayez pitié de moi. Je me meurs.

Théodora.

Vous souffrez ?

Henri.

Je me meurs, vous dis-je.

Théodora.

Allons, songez que vous êtes un homme.

Henri.

Que voulez-vous que je devienne ?

Théodora.

Vous pleurez ?

Henri.

Je succombe. Je ne vis plus. J’ai perdu le sommeil.

Théodora.

Mon Dieu ! monseigneur, comme cela m’afflige de vous voir ainsi !

Henri.

Guérissez-moi, je vous prie.

Théodora.

Et comment ?

Henri.

Écoutez. — Je me charge de marier votre nièce.

Théodora.

L’honneur est un grand bien.

Henri.

La richesse n’est pas à dédaigner.