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Arias.

Il en est désolé. Mais j’espère arranger cela.

Le Roi.

Et comment ?

Arias.

J’ai deux moyens de faire arriver heureusement au port l’amour de l’infant.

Le Roi.

Qui sont ?…

Arias.

D’abord l’intérêt.

Le Roi.

Et puis ?

Arias.

Une vieille tante de la Belle.

Le Roi.

À merveille ! L’une des deux choses suffirait. L’intérêt, l’argent est un pouvoir magique à qui tout cède en ce monde ; et il n’est rien de mieux qu’une vieille parente pour vaincre la plus obstinée résistance… Où en es-tu avec celle-ci ?

Arias.

Je lui ai fait dire de venir me parler.

Le Roi.

Et qu’a-t-elle répondu ?

Arias.

Qu’elle allait venir.

Le Roi.

Vois-tu, Arias ?… L’argent ! l’argent !… C’est le maître souverain des volontés. — Il n’est rien d’impossible au désir alors qu’il se présente une bourse à la main. — La tante et la nièce sont à nous.

Arias.

Je l’espère.

Le Roi.

N’épargne rien pour rendre le repos à mon frère… Ne te laisse pas décourager par les refus… Car enfin, cette Belle aux yeux d’or n’est, après tout, qu’une femme, c’est-à-dire qu’elle est changeante comme les vents et les flots.

Il sort.
Don Arias.

Je ne négligerai rien pour le bonheur de l’infant… Elle devrait être ici. C’est elle.


Entrent THÉODORA et L’ÉCUYER.
Théodora, à l’Écuyer.

Le meilleur remède contre l’amour, c’est de ne pas vouloir aimer. — Mais si l’on n’est pas assez sage pour cela, il y a deux moyens de l’amener à bonne fin.