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qu’elle en change, — et toujours, toujours, jusqu’à ce qu’elle trouve un mari.

Don Félix.

Quelle folie !

Marcèle.

Je vous en dirais bien d’autres. — Mais, sérieusement, puisque votre sœur, qui a tant d’esprit, a cru devoir quitter sa maison, il est clair que cette maison ne lui portait pas bonheur.

Don Félix.

Il nous restait encore quatre mois pour finir le bail.

Marcèle.

L’avez-vous louée ?

Don Félix.

Hier il s’est présenté des personnes de la suite de l’infant… Je n’ai pas voulu.

Marcèle.

Je la désirerais pour moi pendant ces fêtes, en attendant qu’un homme de robe, qui vient d’obtenir une charge, me cédât celle qu’il occupe près de l’Alaméda[1].

Don Félix.

Ce sera autant d’épargné pour les quatre mois qui restent du bail.

Marcèle.

Si vous en avez les clefs, j’irai tout de suite.

Don Félix.

Je les ai sur moi.

Marcèle.

Eh bien, allons.

Don Félix.

Vous pourriez faire apporter vos effets.

Marcèle.

S’il se trouvait des commissionnaires, on ne ferait qu’un seul voyage.

Don Félix.

Je me charge d’en trouver.

Marcèle.

Je ne suis pas trop digne de demeurer dans une maison que quitte votre charmante sœur : mais je n’en suis pas moins reconnaissante à tous deux de votre aimable offre.

Don Félix.

Vous voilà désormais de toute façon la Belle aux yeux d’or.

Marcèle.

Je ne suis que son ombre. — Mais savez-vous tout ce que je veux être ?

  1. L’Alaméda est un lieu planté de peupliers.