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Le grand Maître.

Il suffit de voir deux beaux yeux pour que l’âme soit prise.

Le Roi.

Et cette jeune dame approuve-t-elle ?

Le grand Maître.

Elle est honnête et fière.

Henri, au Roi.

Si votre altesse en avait le loisir, je voudrais bien que Dorothée chantât quelque chose et vous donnât un échantillon de ses talents.

Le Roi.

Il y aura du temps pour cela. — Remettons ce plaisir à un autre jour… un jour de fête.

Henri.

Ce sera une fête pour moi.


Entre L’ÉCUYER, avec une tasse dans laquelle il y a de l’eau.
L’Écuyer.

Voici de l’eau.

Le Roi.

Et voilà un fameux écuyer !

Le grand Maître.

C’est donc là, madame, la vaisselle de cette maison ?

Dorothée.

L’état de nos affaires ne nous en permet pas d’autre. Dans cette maison il n’y a que moi qui passe pour un objet de prix.

Le Roi.

Alors, prenez bien garde que l’on ne vous enlève.

Le grand Maître.

Ce serait un attentat.

Dorothée.

Personne ne voudra s’y exposer ; et vous devriez songer, sire, qu’une faveur arrachée à une femme contre sa volonté peut se convertir en poison.

Le Roi.

Sur ma foi, c’est fort bien. — Tenez, madame, acceptez cette chaîne d’or. L’or ne déroge pas avec vous.

Le grand Maître.

Elle a beaucoup d’esprit.

L’Infant.

Elle est charmante.

Le Roi.

Ne serait-ce pas à cause de votre beauté qu’on vous a surnommée la Belle aux yeux d’or ?

Dorothée.

Non, sire ; voici pourquoi. J’ai été l’objet de nombreuses sollicitations que l’honneur m’empêchait d’écouter. De tristesse, je suis