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Lucindo.

J’ai aperçu ce matin la terre et l’aurore en même temps ; mais je n’ai vu le soleil qu’en ce moment où je vous vois.

Phénice.

C’est une licence poétique que vous prenez là, de faire ainsi de moi votre soleil.

Lucindo.

Votre présence seule me l’a inspirée.

Phénice.

De quel pays êtes-vous ?

Lucindo.

Je suis Espagnol, madame.

Phénice.

De quel endroit ?

Lucindo.

De Valence.

Phénice.

Si vous eussiez été de Tolède, je vous aurais adressé quelques questions.

Lucindo.

Je ne pourrais vous répondre que sur Valence.

Tristan, à Celia.

Me sera-t-il permis également de vous parler à vous ?

Célia.

Oui, pourvu que ce soit d’une manière courtoise.

Tristan.

Va pour la courtoisie. Et je commence par vous demander quelle est votre maîtresse ?

Célia.

Une dame.

Tristan.

Une dame ?

Célia.

Oui.

Tristan.

Et de quelle espèce ?

Célia.

Voilà une question un peu impertinente.

Tristan.

Qu’y a-t-il, s’il vous plaît, d’impertinent à cette question ?

Célia.

Que diriez-vous, vous-même, si je vous demandais quelle espèce d’homme vous êtes ?

Tristan.

Je vous dirais que je suis un homme de l’espèce ordinaire, composé des quatre éléments, ayant des facultés supérieures, un corps