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Bato.

Il me semble, Benjamin, que le vice-roi te regarde avec beaucoup d’attention.

Benjamin.

Depuis que j’ai vu son visage, je suis tout ému.

Bato.

De quelle façon ?

Benjamin.

Je ne saurais te l’expliquer ; mais ce que je sais bien, c’est que mon cœur, plein d’une tendre passion, s’est déjà rendu à lui.

Joseph.

Hébreux !

Ruben.

Seigneur…

Joseph.

Comment se porte votre père, ce bon vieillard ?

Ruben.

Il se porte bien… si toutefois il vit encore, maintenant que le voici privé de son âme.

Joseph.

Est-ce là ce jeune frère dont vous m’avez parlé ?

Ruben.

C’est lui.

Joseph, à Benjamin.

Approche, mon enfant.

Benjamin.

Donne-moi tes pieds, monseigneur, ou permets que je baise ta noble main.

Joseph.

Viens plutôt dans mes bras.

Benjamin.

Je ne mérite pas tant d’honneur.

Joseph, à part.

Ô Dieu ! que mon cœur a été agité dans cet embrassement ! Il me semblait qu’il allait sortir de ma poitrine… — Je sens couler mes larmes… je ne puis les retenir… s’ils les voient, je suis perdu. (Se tournant vers Putiphar.) Capitaine ?

Putiphar.

Seigneur ?

Joseph.

La table est-elle dressée ?… — Il est temps.

Putiphar.

Oui, monseigneur.

Joseph.

Alors faites-les entrer.

Putiphar.

Entrez tous dans le lieu où vous devez manger.