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Colomb.

Pourquoi témoigner tant de joie ?

Arana.

C’est que vous trouverez ici de l’or.

Colomb.

Le salut de ces hommes est pour moi le premier des biens.

Terrazas.

Quel bonheur !… Cherchons l’or… cela est permis. (À un Indien.) Va, mon ami, et apporte-nous de cela.

Arana.

Il y va.

Pinzon, à Colomb.

Cela ne peut pas vous fâcher ?

Colomb.

Ce qui me fâche, c’est que vous en ayez sitôt demandé.

Pinzon.

Nous ne faisons de mal à personne. — Jamais le ciel n’a donné l’or avec plus de bonté, puisqu’il est ici pour rien. En général on ne l’acquiert que par de longs travaux, en labourant, en écrivant ; et ici il vient tout seul, on le recueille sans l’avoir semé. (L’Indien revient avec des lingots.) Ma foi, le voilà déjà avec des lingots.

Colomb.

Prenez, et n’en soyez plus si avide.

Pinzon.

Cela nous appartient justement. Nous l’avons bien gagné.

Arana.

Bénies soient mes fatigues !

Terrazas.

Bénies soient mes souffrances !

Frère Buyl.

Quoi ! vous baisez ces lingots ?

Terrazas.

Mon père, occupez-vous d’instruire ces braves gens.

Colomb, à Dulcan, en faisant des signes.

Avez-vous des vivres ?

Dulcan.

Je soupçonne qu’ils nous demandent à manger.

Palca.

Il faut les mener à ton palais[1].

Dulcan.

Auté, va tuer quatre de mes prisonniers, les plus gras ; et quand ils seront cuits, tu les mettras sur la table.

Auté.

Je pars.

  1. Littéralement : « À ton royal tambo. »