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ses jardins, laissez l’ambre et les fleurs, et montez à cheval, prenez la lance. Songez-y, déjà Grenade ouvre ses portes, et lorsque les grenades s’entr’ouvrent, c’est signe qu’elles sont mûres[1]. Le roi Ferdinand a juré que d’ici à trois jours il aurait placé un si beau fruit sur sa table royale[2].

Mahomet.

Hélas ! quel malheur est le mien ! — Crois-tu, Zélin, que je puisse défendre la ville ?

Zélin.

Il est bien tard, et ce sera difficile. Le roi Ferdinand a juré d’y entrer de vive force et de la saccager.

Mahomet.

Si je me rendais ?

Zélin.

Le roi Ferdinand vous imposera de dures conditions.

Mahomet.

Ah ! Zélin, je suis perdu. J’ai besoin de tes conseils, ne me les refuse pas. — Il faut, Dalifa, que je m’occupe de ton salut et du mien.

Dalifa.

Je mets ma confiance dans Allah !

Mahomet.

Il est mon seul espoir. — Aujourd’hui même Zélin ira trouver de ma part ce grand capitaine.

Zélin.

Eh quoi ! vous vous rendez déjà ?

Mahomet.

Ai-je donc quelque autre ressource ?

Ils sortent.



Scène III.

À Santa-Fé.


Entrent COLOMB, LE DUC DE MEDINA-CELI, LE DUC DE MEDINA-SIDONIA, et leurs Pages.
Celi.

Je n’ai jamais vu un homme aussi plaisant. — (À Colomb.) D’où êtes-vous, l’ami ?

Colomb.

Nobles ducs des deux Médinas, généreux descendants des Guzmans et des Cerdas, daignez seulement me prêter un moment d’at-

  1. Y es señal que estan maduras
    Quando las granadasse abren.

  2. Jurado Fernando tiene
    Que no ha de llegar el Martes,
    Sin ponerla por principio
    En sus manteles reales.