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Le Comte.

Cependant, sire, considérez…

Le Roi.

Point de réplique. Faites amener des chevaux à la porte du parc.

Le Comte.

Comme votre palais est toujours ouvert au peuple, on saura bientôt…

Le Roi.

Il n’y a point là de difficulté. Les domestiques n’auront qu’à dire que je suis malade.

Enrique.

Si j’osais exprimer mon avis…

Le Roi.

Ma résolution est prise ; toute observation est superflue.

Le Comte.

Veuillez au moins différer de deux jours votre voyage, afin que l’on puisse répandre le bruit de votre maladie.

Le Roi.

Bons laboureurs ?

Sanche.

Sire ?

Le Roi.

Offensé de la conduite de don Tello, je vais moi-même le châtier.

Sanche.

Quoi ! vous, sire ?… Ne serait-ce pas abaisser votre couronne ?

Le Roi.

Allez devant, et disposez la maison de votre beau-père pour me recevoir. Mais ne dites rien ni à lui ni à personne. Sous peine de la vie, silence, songez-y bien.

Sanche.

Vous serez obéi, sire.

Le Roi, à Pélage.

Toi, l’ami, si l’on te demande qui je suis, tu diras à tout le monde : un gentilhomme castillan. Pas un mot de plus, entends-tu ?… Bouche close… les deux doigts sur les lèvres.

Pélage.

Soyez tranquille ; je fermerai si bien la bouche, que je ne veux pas même bâiller. Je ne demande qu’une chose : c’est que votre majesté m’autorise à manger de temps en temps.

Le Roi.

Pour cela, je te le permets.

Sanche.

En vérité, sire, c’est trop honorer ma bassesse. Envoyez là-bas, pour faire justice, un de vos alcades.

Le Roi.

Le meilleur alcade est le roi.

Ils sortent.