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Le Comte.

Vertu héroïque et rare, généreuse pitié, noble clémence, observation des lois divines… Alphonse est le modèle des rois.


Entrent DON ENRIQUE, SANCHE et PÉLAGE.
Enrique.

Laissez vos bâtons[1].

Sanche.

Pélage, range-les contre la muraille.

Pélage.

Pars du pied droit[2].

Sanche, à Enrique.

Quel est le roi, seigneur ?

Enrique.

Celui qui dans ce moment tient la main appuyée sur sa poitrine.

Sanche.

Il a le droit de tenir sa main sur son noble cœur. — Ne crains rien, Pélage.

Pélage.

C’est que les rois ressemblent à l’hiver : ils font trembler les pauvres diables.

Sanche.

Sire…

Le Roi.

Parle, rassure-toi.

Sanche.

Sire, vous régnez en Espagne, et…

Le Roi.

Dis-moi qui tu es et d’où tu viens.

Sanche.

Permettez, sire, que je baise votre main afin que ma bouche soit ennoblie ; mes lèvres, après avoir touché votre main, parleront d’une manière plus digne de vous.

Le Roi.

Je sens que tu la baignes de larmes. Qu’est-ce donc ?

Sanche.

Mes yeux ont voulu les premiers vous dire ma plainte. Je viens demander vengeance à votre majesté contre un homme puissant mon ennemi.

Le Roi.

Prends courage et cesse de pleurer. Apprends que si je suis bon

  1. Dexad las azagayas.

    L’azagaya est un bâton ferré, un épieu, une zagaye.

  2. Con pie derecho vayas.

    Afin que cela lui porte bonheur.