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LE CHIEN DU JARDINIER.

Ricardo.

Théodore ! fils du comte !… Comment donc est-on venu à le savoir ?

Célio.

L’histoire en est longue, et on la raconte de tant de manières différentes, que je me défierais de ma mémoire.

Frédéric.

A-t-on jamais vu un pareil malheur ?

Ricardo.

Mon espérance s’est bien vite évanouie.

Frédéric.

Je veux voir ce qui en est.

Ricardo.

Je vais avec vous.

Célio.

Vous verrez bientôt que je vous ai dit la vérité.

Ils sortent.



Scène V.

Un salon chez la Comtesse.


Entrent THÉODORE et MARCELLE.
Marcelle.

Enfin, Théodore, vous partez ?

Théodore.

À qui la faute ? La rivalité entre deux personnes si inégales pouvait-elle amener autre chose ?

Marcelle.

Vous voulez m’abuser, comme alors que vous faisiez semblant de m’aimer ! Vous ne m’aimiez pas, c’était la comtesse que votre cœur aimait, et il ne vous reste plus désormais que l’espoir de l’oublier.

Théodore.

Moi ! la comtesse !…

Marcelle.

Il n’est plus temps, Théodore, de nier les folles prétentions qui ont amené votre perte, et vous recevez le juste prix de votre lâcheté et de votre audace. De votre lâcheté, puisque la comtesse a pu garder le respect qu’elle se devait. De votre audace, puisque vous osiez prétendre à elle… Heureusement l’honneur a mis entre vos amours une barrière infranchissable, et grâce à lui je suis vengée. Je vous aimais encore, mais la vengeance me fera oublier ma passion ; et pour avoir plus de regrets, souvenez-vous que je ne pense plus à vous, que je vous ai banni de mon souvenir.

Théodore.

Voilà bien des folies pour finir par un mariage avec Fabio.