À Dieu ne plaise que je détruise ainsi les fondements de votre grandeur ! Servez, persistez, ne vous découragez pas, on vous accuserait de légèreté ; suivez, en un mot, le bonheur qui s’offre à vous, comme je veux suivre le bonheur qui s’offre à moi. Je ne saurais vous offenser en aimant Fabio, puisque vous m’avez abandonnée. Peut-être n’ai je point gagné au change : mais enfin c’est toujours beaucoup pour moi de venger mon injure… Adieu ; voilà un assez long entretien, et comme Fabio est presque mon époux, je ne voudrais pas qu’il nous vît ensemble.
Arrête-la, Tristan, arrête-la.
Écoutez, écoutez, mademoiselle. Si mon maître a cessé de vous aimer, il est prêt à recommencer ; et s’il a eu tort de vous quitter, il le répare en revenant à vous. — Écoutez-moi donc, mademoiselle.
Que veux-tu, Tristan ?
Attendez un moment.
Théodore et Marcelle ici ?
Vous paraissez fâchée de les voir ensemble.
Prends cette portière, et couvrons-nous… Mon amour se réveille avec ma jalousie.
Au nom de Dieu, Tristan, laissez-moi.
Tristan cherche à les mettre d’accord. Ils doivent être brouillés.
Ce coquin de valet me mettrait en colère[1].
L’éclair ne passe pas plus vite que n’a passé devant lui la froide beauté de celle qui l’adore. Maintenant il n’y pense plus ; il préfère votre grâce, vos attraits à tous ses trésors… Croyez-moi, cet amour a disparu comme une comète. — Écoutez, Théodore.
Le drôle ne manque pas d’adresse.
Pourquoi m’appeler, Tristan ? N’a-t-elle pas dit qu’elle était engagée à Fabio, et qu’elle l’aimait ?
- ↑ La comtesse qualifie Tristan d'une manière beaucoup plus énergique. Elle le nomme Alcahuete.