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LE CHIEN DU JARDINIER.

cachet de cette lettre, le manteau de ce voyageur, l’ombre de ce corps, la queue de cette comète, l’étui de ce chapeau, l’ongle de ce doigt, et ce n’est qu’en me coupant que l’on peut me séparer de lui.

Il sort.
Marcelle.

Que pensez-vous de cela, Dorothée ?

Dorothée.

Je n’ose vous en exprimer mon avis.

Marcelle.

Eh bien, je parlerai.

Dorothée.

Non pas, moi.

Marcelle.

Si bien, moi.

Dorothée.

Prenez garde, Marcelle ; rappelez-vous ce qu’il disait des tapisseries.

Marcelle.

Dans ma fureur jalouse, je ne crains rien, je brave tout. Si je ne connaissais l’orgueil de la comtesse, je dirais que Théodore a conçu des espérances ; et, en effet, n’avez-vous pas remarqué qu’il est sans cesse auprès d’elle depuis quelques jours ? Croyez-vous que ce soit sans motif ?

Dorothée.

Taisez-vous, la colère vous égare.

Marcelle.

N’importe, je me vengerai. Tous deux se jouent de ma douleur, mais je n’ignore pas les moyens de les affliger, moi aussi.


Entre FABIO.
Fabio.

Le secrétaire est-il là ?

Marcelle.

Vous voulez vous moquer de moi ?

Fabio.

Mon Dieu non ! Je le cherche, parce que madame la comtesse m’a ordonné de l’appeler.

Marcelle.

Qu’il en soit ou non comme vous dites, demandez à Dorothée de quelle façon je viens de le traiter. Je soutenais que notre brillant secrétaire n’est qu’un ennuyeux et un fat.

Fabio.

Oh ! vous ne me donnerez pas le change. — On sait vos secrets… et, sans doute, vous êtes d’accord.