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JOURNÉE I, SCÈNE I.

La Comtesse.

Dis-moi, quels sont les cavaliers qui ont l’habitude de rôder dans cette rue ?

Dorothée.

Le marquis Ricardo, madame, et parfois aussi le comte Paris.

La Comtesse.

Réponds franchement à ce que je vais te demander. Je t’y engage pour ton bien.

Dorothée.

Je n’ai rien à vous cacher.

La Comtesse.

À qui les as-tu vus parler ?

Dorothée.

Je serais sur un bûcher que je ne pourrais dire qu’une chose, c’est que, hormis à vous, je ne les ai vus parler à personne de la maison.

La Comtesse.

On ne t’a jamais remis de lettre ? Jamais page n’a pénétré ici ?

Dorothée.

Jamais, madame.

La Comtesse.

Retire-toi de ce côté.

Marcelle, à Anarda.

C’est une inquisition.

Anarda, à Marcelle.

Il n’y aurait plus qu’à nous appliquer à la torture.

La Comtesse.

Écoute, Anarda.

Anarda.

Que désirez-vous ?

La Comtesse.

Quel est l’homme qui est sorti ?

Anarda.

Un homme !

La Comtesse.

Oui, un homme vient de sortir de ce salon. Va, je connais tes manœuvres… Qui l’a amené ici ? Quelle est celle de vous qui s’entend avec lui ?

Anarda.

Ne croyez pas, madame, qu’aucune de nous eût une telle audace. Pouvez-vous penser qu’une de vos femmes se permît d’introduire un homme dans votre appartement, et pût se rendre coupable envers vous d’une telle trahison ? Non, madame, ce sera autre chose.