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La Duchesse.

Et savez-vous, vilain que vous êtes, si cela convient à ma réputation ? Avez-vous le pouvoir de m’octroyer la permission, — quand j’ai déjà un mari — de me remarier ?

Le Comte.

Voilà une drôle de plaisanterie ! Est-ce que je suis le pape, par hasard ?

La Duchesse.

C’est vous-même qui êtes plaisant ! Est-ce que vous croyez que je peux oublier mon premier époux ?

Le Comte.

Puisqu’il est mort, il ne reviendra plus.

La Duchesse.

Si fait, il reviendra ; il reviendra à l’insu de ses ennemis, et il me retrouvera toujours aussi fidèle.

Le Comte.

Pardieu ! Pascal, je n’y vois pas de remède si elle ne vous aime pas.

L’Infant.

Et il n’y en a pas non plus à ma douleur.


Entre LERIDANO.
Leridano.

Not’ maîtresse pourra bien dire cette fois que j’arrive comme une réjouissance.

Le Comte.

Tiens, c’est vous, not’ maître !

Leridano.

Je me mets à vos pieds, madame.

La Duchesse.

Soyez le bienvenu, fermier, quoiqu’il y ait un mois qu’on ne vous a vu à la maison. — Comment va le moulin ?

Leridano.

Très-bien, madame, pour vous servir, et il vous baise les mains comme de coutume. Le jardin pareillement. Il est plein d’œillets, de giroflées et d’amandiers en fleurs qui sont jolis vraiment avec leur petite parure d’un blanc argenté. Ils étalent fièrement leurs rameaux ouverts et ils embaument. — Nous nous flattons là-bas que votre seigneurie nous accordera un de ces jours l’honneur de sa présence ; nous avons besoin d’elle.

La Duchesse.

En quoi puis-je vous faire plaisir ?

Leridano.

Je marie une mienne fille.

La Duchesse.

Laura ?