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Theodora.

Ce sont les meuniers.

Le Comte entre dans le jardin.
La Duchesse, au Comte.

Enfin, il était temps que vous vinssiez.

Le Comte.

Que votre grâce ne me gronde pas ; qu’elle fasse attention que j’ai amené avec moi un nouveau camarade.

La Duchesse.

Quoi ! Martin, quelqu’un t’accompagne ?

Le Comte.

Je n’ai pas pu empêcher cela, malgré mes désirs et mes efforts.

La Duchesse, à demi-voix.

Alors, Martin, je ne vous embrasserai pas.

Le Comte.

C’est ce maudit Pascal qui en est cause.

L’Infant, appelant.

Holà, Martin !

Le Comte, allant vers l’Infant.

Que me veux-tu ?

L’Infant.

Que, puisque tu es bien avec elle, tu lui dises en secret qui je suis.

Le Comte.

Quoique vous me donniez là une assez mauvaise commission, je la ferai. Je vais m’approcher d’elle, et je lui dirai que vous êtes un homme qui l’adorez. Mais sait-elle votre nom ?

L’Infant.

Je te réponds que oui. Tu n’as qu’à lui dire que c’est le prince qui désire lui parler.

Le Comte.

Eh bien ! demeurez là un moment. Je me charge de lui apprendre qui vous êtes.

L’Infant.

Sois tranquille, je ne bougerai pas d’ici ; je reste à cette place comme une statue ou comme une pierre.

Le Comte.

Attendez et fiez-vous à moi. Personne ne souhaite plus vivement que moi l’heureux succès de cette affaire. (Il va vers la Duchesse.) Eh bien ! comment vous va, not’ maîtresse ?

La Duchesse.

Ah ! mon cher comte, dites-moi, ce traître qui est là, n’est-ce pas le prince ?

Le Comte.

Oui, madame ; vous savez qu’il vous aime.