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Le Comte.

Finis donc.

Melampo.

À quoi bon me retiens-tu ? tu ne m’empêcherais pas de me tuer si tu étais mon ami.

Le Comte.

Je le suis, et à tel point que je veux que Laura me déteste, qu’elle t’aime, et qu’elle devienne ta femme.

Melampo.

Laura ?

Le Comte.

Oui, Laura.

Melampo.

À moi ?

Le Comte.

À toi-même.

Melampo.

Ah ! permets que je te baise les pieds.

Le Comte.

Non, donne-moi la main seulement.

Melampo.

Tout, la main et le cœur.

Le Comte.

Touche là ; cela suffit.

Melampo.

Enfin, tu me promets de la détester ?

Le Comte.

Mieux que cela : si tu me l’amènes ici, je le promets de faire en sorte qu’elle t’aime.

Melampo.

C’est impossible. Mais rien que pour voir de mes yeux — quel plaisir ! — que tu la détestes, je vais te l’amener.

Le Comte.

Va, je t’attends.

Melampo.

Oh ! que j’aurai de joie, que je serai content si tu te moques d’elle !

Melampo sort. L’Infant et Valerio se rapprochent du Comte.
L’Infant.

N’est-ce point là, Valerio, mon ami, ce meunier sans façon qui entra pour parler à Celia quand je causais avec elle ?

Valerio.

En effet, c’est bien lui.

L’Infant.

Allons l’interroger. Il pourra peut-être m’instruire de l’état de mes affaires.