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refuge. Ses traits portaient l’empreinte d’une grande douleur, tempérée par un air de profonde résignation. C’était une femme de la tribu indienne des Schawnées qui, fuyant la terre des cruels sauvages Comanches, où son mari, coureur des bois, avait été tué, regagnait son pays natal et retournait vers les siens.

Leurs cœurs furent louches de son récit ; ils accueillirent cette infortunée avec une grande affection, la ranimèrent par de bonnes paroles, et l’invitèrent à partager leur modeste repas, composé de viandes de gibier rôties sur le brasier.

Lorsque le repas fut achevé, Basile et ses compagnons, fatigués par une longue marche et par la poursuite du daim et du bison, s’étendirent sur le gazon, et s’endormirent, enveloppés de couvertures, près du feu qu’ils avaient allumé pour passer la nuit. Alors l’Indienne vint s’asseoir à la porte de la tente d’Évangéline, et elle redit lentement l’histoire de son passé, de son bonheur, de ses chagrins et de sa détresse.

Évangéline, pendant ce récit touchant, versa d’abondantes larmes, en apprenant qu’un autre cœur, malheureux comme le sien, avait connu la douceur d’une affection et avait vu ses espérances déçues. Émue de compassion et de pitié pour cette