DEUXIÈME PARTIE
CHAPITRE PREMIER
l’exil
e longues années s’étaient écoulées depuis
que Grand-Pré avait été livré aux flammes ;
depuis longtemps déjà, les vaisseaux
anglais avaient quitté la baie de Gaspereau, enlevant
à ses foyers tout un peuple condamné à un exil
sans terme et dont l’histoire moderne n’offre pas un
autre exemple. En quittant leur patrie, les Acadiens,
dispersés comme les flocons de neige chassés par les
vents du Nord, avaient abordé bien loin de là, sur
des rivages différents. Privés d’amis, de foyers et
d’espérance, ces infortunés erraient de cité en cité,
passant des lacs glacés du Nord aux savanes brûlantes
du Midi, des froides rives de la mer aux bords
luxuriants du Mississipi. Ils étaient à la recherche
d’amis et de foyers ; mais un grand nombre d’entre
eux, le cœur brisé et désespéré, renonçaient à