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échangeant des plaisanteries ou des histoires. Chaque maison était une hôtellerie, où tous étaient bien reçus et fêtés ; car chez ces gens simples, qui vivaient ensemble comme des frères, tout était en commun, et l’on aimait à partager.

Cependant, c’est sous le toit de Bénédict que l’hospitalité paraissait la plus large, car Évangéline était là, au milieu des hôtes de son père. Sa figure souriante, ses paroles de bon accueil et de joie, l’amabilité simple et modeste avec laquelle elle invitait à se rafraîchir les visiteurs de son père, rehaussaient encore le charme de cette fraternelle hospitalité.

Le repas des fiançailles eut lieu en plein air, au milieu du verger dont les fruits dorés embaumaient l’air. À l’ombre du porche d’entrée, étaient assis le prêtre et le notaire, ainsi que le bon Bénédict et le robuste Basile. Non loin de ces derniers, tout près du pressoir à cidre, on avait placé Michel le violoneux et le gai compère. Ses cheveux blancs flottaient au vent et sa figure réjouie, fortement enluminée, brillait comme un charbon ardent dont on a secoué les cendres. Aux sons vibrants de son violon, le vieillard chantait, d’une voix entraînante, les noëls antiques, tels que : « Tous les Bourgeois de Chartres », et « Le Carillon de Dunkerque » Deci, delà les cou-