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CHAPITRE II

présages d’hiver et de tristesse



L a saison des nuits longues et froides était revenue ; les oiseaux de passage, quittant les régions glacées du Nord, fuyaient vers rivages des îles tropicales. Les moissons étaient rentrées dans les granges, et déjà les vents d’automne secouaient violemment les arbres de la forêt. Tous les pronostics annonçaient un hiver long et rigoureux. Les abeilles, à l’instinct si admirable, avaient emmagasiné dans leurs ruches de grandes quantités de miel ; les chasseurs indiens racontaient que la fourrure des renards était plus épaisse qu’à l’ordinaire, ce qui, pour eux, était l’indice certain d’un hiver exceptionnellement rude.

Cependant on eut encore quelques beaux jours ; bientôt vint l’été de la Toussaint, que nous appelons en France l’été de la Saint-Martin, éclaircie d’autant plus appréciée qu’elle est l’avant-coureur de la mauvaise saison. L’atmosphère avait une teinte vapo-

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