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LES COMITADJIS

veut dire alouette, parce que l’alouette, quand elle chante, fait tchou-tchou-liga. Je lui demandai s’il était membre actif de l’Organisation. Il me demanda si j’aimais le théâtre et les bons concerts. Je parlais de comitadjis. Il parlait de la neige sur le mont Vitoche.

On arriva. Tchoutchouliga était une maison dans les arbres, à cinq kilomètres de Sofia. Très bien choisie. À la fois près et loin de tout ! Un individu déguisé en garçon de café occupait seul la pièce où nous entrâmes. Le propriétaire-rentier se dirigea vers lui et l’entretint en bulgare. « Tout va bien, me dit-il, en revenant me trouver, asseyons-nous. Nous aurons du thé et des petits gâteaux. »

J’attendis. Puis je me levai pour inspecter les lieux. Nous étions dans une guinguette.

— Enfin, monsieur, pourquoi m’avoir conduit ici ?

— Mais, pour passer un bon moment !

— Écoutez, vous n’êtes pas tombé du ciel dans ma chambre. On vous envoie à ma rencontre pour m’introduire dans les milieux révolutionnaires. Or, que faites-vous ? Vous m’annoncez que vous êtes veuf, vous vous mettez à ma disposition pour m’acheter des cravates, vous imitez le chant de l’alouette, vous m’offrez des chocolats et, au bout