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LES COMITADJIS

attendez aujourd’hui ne viendra que demain, à midi moins vingt-cinq.

Il me salua et partit.

Je m’accoudai à la fenêtre. Sur les coupoles de l’ancienne mosquée, devenue musée ethnographique, il y avait dix-huit corbeaux…

Vingt-quatre heures plus tard, à la minute fixée, je fus enfin servi. L’homme qui avait franchi ma porte avait une figure ronde et colorée, qu’on aurait dit taillée dans une orange. Une orange à lunettes, quoi ! Court mais agile, soixante ans, sans doute. Il posa sa canne, il suspendit son pardessus, il s’assit et me regarda avec une bonté infinie.

— Je dois vous dire, commença-t-il, que je suis rentier.

— Mes félicitations.

— Je ne suis donc pas pressé. Je suis propriétaire de deux maisons très bien placées, j’ai plus de cinquante locataires, tous très gentils.

— Tant mieux !

— L’air de Sofia est pur. Vous ne tarderez pas à en ressentir les bienfaits. C’est ici une véritable station climatérique.

— Êtes-vous Macédonien ?

— Je suis veuf et, depuis la mort de ma femme, les nerfs me travaillent. Je me réveille tous les matins à trois heures et ne puis plus me rendormir.