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LES COMITADJIS

déguisé en pope, revolvers sous sa soutane. Sa maison préférée est à douze kilomètres de la capitale, à Bansko, une villa blanche vers laquelle les Bulgares, en passant, clignent malicieusement de l’œil. Néanmoins, il aime à changer de lit.

À le regarder de près, Vantché n’est pas le diable. Tout bien compté, il n’a qu’un seul défaut : il tue ceux qui ne sont pas de son avis. C’est tout. Il n’est ni fou, ni illuminé, ni impulsif ; c’est un logicien. Ne pouvant supporter les obstacles, il les supprime. Donnez-lui ce qu’il désire, aussitôt il déchargera ses bombes et ses revolvers. C’est lui qui l’écrit dans son journal la Liberté ou la Mort. Pour l’instant, il prévient qu’il lui est tout à fait impossible de s’arrêter. Qu’arriverait-il s’il n’assassinait plus ? La Bulgarie serait couverte de gens qui ne penseraient pas comme Vantché ! Ce serait épouvantable !

Et le bon gouvernement de Sofia, que dit-il de cette aventure ?

Il dit :

— Chez nous, le mot haïdouc signifie à la fois héros et bandit. Toute notre poésie est à la gloire des haïdoucs. Nous leur élevons des monuments, nous leur tressons des couronnes. C’est dans le sang du peuple.

— Alors ?